Les changements observés et à venir en Auvergne-Rhône-Alpes

Les évolutions observées entre 1961 et 2020 et les données prospectives sont les suivantes en Auvergne-Rhône-Alpes d’après l’Observatoire Régional Climat Air Energie (ORCAE) :

  • Augmentation des températures annuelles moyennes : de +2,3°C. Un net réchauffement en tout point du territoire régional est observé avec +1,8°C en moyenne au printemps et + 2,9°C en moyenne en été sur la région. Les projections climatiques montrent une poursuite du réchauffement.

  • Avancée de l’apparition de tous les stades de développement des végétaux : elle est illustrée par l’avancée de la date moyenne d’épiaison des prairies, de - 8 jours et des vendanges, de -10 jours. Cela impose l’évolution des pratiques culturales et peut impacter la qualité des productions. A l'avenir, cette avancée aura tendance à s’accentuer.

  • Augmentation du nombre de journées chaudes : c'est-à-dire les journées avec une température maximale supérieure à 25°C ; 17 journées supplémentaires ont été mesurées. Cette augmentation est observée sur toute la région. Les épisodes de fortes chaleurs sont plus fréquents et plus intenses. A l’avenir, le nombre de journées chaudes va probablement continuer à augmenter dans la région.

  • Baisse du nombre de jours de gel : de -16 jours. Le nombre de jours de gel est en baisse. Toutefois il est très variable d’une année à l’autre, ce qui ne facilite pas la gestion des cultures. Il est élevé sur les premiers stades des cultures. D’après les projections, la variabilité des températures d’une année sur l’autre sera plus grande dans les années à venir.

  • Diminution de la ressource en eau : la pluviométrie est globalement stable sur des longues périodes observées mais avec une grande variabilité d’une année sur l’autre (cette variabilité tendra à augmenter à l’avenir). Même s’il pleut autant en moyenne, les déficits hydriques ont augmenté. En effet, comme les températures sont plus élevées, l’évapotranspiration est plus forte. Une baisse du bilan hydrique climatique annuel est enregistrée sur tous les départements. La région connaîtra encore, d’après les projections, des épisodes de sècheresse dans les années à venir, ce qui engendrera notamment une réduction de la production d’herbe en été. Une baisse du débit des rivières et des étiages plus intenses et plus longs sont prévus, ce qui causerait des conflits d’usage : “la tension en période d’étiage risque de s’aggraver fortement là où elle existe déjà, et apparaîtra sur des territoires aujourd’hui en situation de confort hydrique.”

Source des données : Observatoire Régional Climat Air Energie (ORCAE) d’Auvergne-Rhône-Alpes, piloté par l’État (DREAL Auvergne-Rhône-Alpes), la Région Auvergne-Rhône-Alpes, deux Agences de l’Eau (Rhône Méditerranée Corse et Loire-Bretagne) et l’ADEME, représentée par sa direction régionale Auvergne-Rhône-Alpes. Il est opéré par un groupement d’intérêt scientifique regroupant : Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, Auvergne-Rhône-Alpes Énergie Environnement, le Cerema et Météo France.

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Engrais vert à base de phacélie - © Eric Maille

S’adapter aux changements climatiques ... de forts enjeux pour l’agriculture biologique

Les enjeux mis en exergue par les producteur.rices biologiques du réseau FNAB :

➡️ Enjeu technique du maintien de la qualité des productions

  • Stress hydrique & qualité d’alimentation, baisse de production → accessibilité à la ressource en eau
  • Perturbation des saisons et température et émergence de ravageurs/adventices → peu de solutions en Bio
  • Stress thermique animal & risques multiples en élevage
  • Cycle de l’eau et structure du sol → pratiques bio plus difficiles

➡️ Enjeux de recherche et d’accompagnement des producteur.rices

  • Adaptation variétale → accès à des semences bio
  • Valorisation de la matière organique des sols bio
  • Matériel d’irrigation efficace et économe

➡️ Enjeu économique et acceptabilité des changements soumis au risque

  • Surinvestissement en matériel de l’abreuvement, de protection contre l’ensoleillement
  • Investissement en matériel adapté et résistant aux aléas climatiques
  • Besoin d’accompagnement en projection économique de la vulnérabilité
  • Rendements perturbés et aléatoires

➡️ Enjeu politique de réorganisation des modèles agricoles existants

  • Politiques de gestion de l’eau
  • Capacité à s’adapter aux enjeux de bouclage des cycles géochimiques

Source : FNAB.

… les nombreux atouts de l’agriculture biologique

De nombreux scénarios de prospective climatique et alimentaire existent aujourd’hui. L’agriculture biologique est un mode de production de nature à limiter l’impact productif sur le climat. Plus globalement, elle est l’une des solutions clé nécessaires à une transformation du modèle agricole et alimentaire actuel. Tous les scénarios appellent à la mutation de l’agriculture, permettant son adaptation au climat et sa participation aux logiques de réduction de gaz à effet de serre.

➡️ La mutation des régimes alimentaires : moins carnés, basés sur une moindre dépendance aux aliments importés.

➡️ La mutation des systèmes agricoles moins dépendantsde l’azote de synthèse, basé sur l’agroécologie. L’extensification de l’agriculture, la diminution des cheptels en élevage ruminant, l’augmentation des surfaces en prairies permanentes, l’augmentation des surfaces d’infrastructures agro-écologiques (haies, bandes enherbées, mares, etc.). La complexification et l’allongement des rotations basées sur des légumineuses sont autant de pratiques recommandées par les modélisations pour réduire la dépendance du secteur agricole à la fertilisation minérale et aux pesticides.

➡️ La limitation des importations et exportations des produits agricoles et leur relocalisation.

➡️ Des efforts à poursuivre pour réussir l’adaptation : l’agriculture biologique est donc plébiscitée comme étant vertueuse pour permettre l’adaptation et l’atténuation au changement climatique, mais des difficultés résident dans le bouclage du cycle de l’azote. L’enjeu principal pour la bio dans les années à venir est la réorganisation/optimisation des systèmes de production agricole, à la fois pour :

  • Réussir à s’affranchir des difficultés de fertilisation azotée et devenir autonome.
  • S’adapter aux enjeux du changement climatique qui entraîne des mutations dans la faisabilité des cultures.

Pour accroitre ses capacités d’adaptation, plusieurs voies ont été. identifiées par le réseau de l’agriculture biologique mais aussi par les chercheurs et autres organismes travaillant sur la transition agro-écologique.

➡️ La diversification à l’échelle des fermes biologiques est nécessaire pour l’adaptation. Elle nécessite un accompagnement des pouvoirs publics et des territoires pour anticiper les changements au niveau de la ferme et des filières biologiques.

➡️ Le rééquilibrage des productions agricoles biologiques sur le territoire français est un impératif pour l’adaptation et l’atténuation du changement climatique. Cette notion de rééquilibrage des productions est un élément central dans les scénarios climatiques analysés ci-avant. Elle est liée à la nécessaire réappropriation des enjeux de l’agriculture biologique et la collaboration des acteurs de l’aval et des filières dans les territoires.

➡️ Elle implique également un accompagnement des agriculteur.rices pour faciliter la transmission des savoir-faire propres à la déspécialisation des exploitations biologiques, l’autonomie technique et l’entraide entre agriculteur.rices au sein des territoires.

Pour aller + loin :

Guide publié par la FNAB : L’agriculture biologique s’engage pour le climat - tour de France des pratiques innovantes pour l’adaptation des paysan.nes bio. (à retrouver sur produire-bio.fr). Ce guide contient le témoignage d’une ferme maraichère drômoise, le GAEC de la ferme de l’auberge, sur la thématique de l’agroforesterie.

Recueil de pratiques d’atténuation et d’adaptation face au changement climatique, présentant 12 fermes vitrines de l'AB en Auvergne-Rhône-Alpes. www.aurabio.org

Podcast de la FNAB : “S’adapter au changement climatique” à la rencontre de plusieurs agricultrices et agriculteurs biologique en France, pour comprendre leurs réflexions sur l’adaptation au changement climatique. (produire-bio.fr)

Les avantages de l'AB par rapport à la gestion quantitative de l'eau

➡️ Rotations plus longues et plus diversifiées, moins dépendantes de cultures estivales consommatrices en eau ;

➡️ Restitution des mati.res organiques au sol et donc captation plus grande de l'eau dans les sols ;

➡️ Remise des élevages herbivores à l'herbe et réduction des rations de concentrés pour les élevages monogastriques. L'abandon des élevages hors-sol est un levier très fort de réduction de la quantité d'eau consommée en agriculture car une grande partie des cultures estivales irriguées servent à nourrir ces élevages.

Rédaction : Alice ODOUL, FRAB AuRA,  Samuel L’ORPHELIN - Agribiodrôme

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Article issu du magazine La Luciole, le bulletin trimestriel des pratiques bio à destination des agriculteurs bio régionaux impliqués dans l'agriculture biologique. Article rédigé par la Frab.