Quelles sont les conséquences, déjà visibles aujourd’hui, du dérèglement climatique sur les productions agricoles ? Comment agir ?
La Trajectoire de Réchauffement de Référence pour l’Adaptation au Changement Climatique (TRACC), mise en place par le Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires, est le fil conducteur de l’adaptation au changement climatique : la France doit être en mesure de s’adapter à un réchauffement de +2.7 °C d’ici 2050, et de +4.0 °C d’ici 2100.
Cela ne sera pas sans conséquence sur les filières agricoles. Quels impacts sur les filières agricoles bio ? Quels leviers d’actions sont possibles pour les entreprises des filières bio ?
Quelles évolutions à venir en Auvergne-Rhône-Alpes ?
En Auvergne-Rhône-Aples, la TRACC estime un réchauffement supérieur à la moyenne sur la métropole (+0,3°C). Concrètement, ce sera des étés plus caniculaires avec des vagues de chaleurs, plus nombreuses, plus sévères et sur des périodes plus longues ; un nombre de jours de gels réduit ; des pluies extrèmes plus violentes ; davantage de sécheresse et plus longues.… avec une importante variabilité de tous ces facteurs sur l’année et une variabilité interannuelle.
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Quels impacts sur la production agricole bio ?
L’ampleur et la variabilité des impacts du changement climatique sur la production alimentaire est difficile à quantifier. De nombreux phénomènes sont cependant déjà observés sur certaines productions agricoles et vont s'amplifier.
🌾Sur les Grandes Cultures :
- Des conditions climatiques (chaleur, humidité) qui favorisent le développement des maladies et ravageurs (plus de cycles), et le risque d'échaudage
- Des aléas climatiques détruisant les cultures (inondations, grêle)
- Fort stress hydrique des plantes avec une ressource en eau plus rare et des épisodes de sécheresse plus intenses et longs
- Une qualité du grain impactée
🍎 Sur les fruits :
- Les épisodes de gel tardif accroissent les pertes ;
- Les vagues de chaleurs, plus intenses et plus nombreuses, abiment les fruits ;
- Les déficits hydriques entraînent des arrêts de croissance ;
- Les aléas climatiques, comme la grêle ou fortes pluies, détruisent les vergers ;
- Impacts sur le calibre et la couleur des fruits (dépendante de la température).
Un déplacement des bassins de production est également observé, vers le nord et en altitude, même si celui-ci reste incertain. De nouvelles opportunités pour la filière fruits pourraient alors voir le jour : production de fruits à coques (amandes, pistaches) dans le sud-est de la France, développement des agrumes (oranges, clémentines), nouvelles expérimentations sur des fruits exotiques (grenade, avocat…).
Pour faire face aux effets du changement climatique sur les cultures (pertes de récolte, rendements affaiblis…), l’agriculture va devoir s’adapter et trouver des solutions, parfois coûteuses : Semences variétales résistantes, agroforesterie, gestion optimisée de l'eau de pluie, protections (filets, ombrières…), ...
Des approvisionnements impactés en quantité et en qualité
Ces effets sur la production agricole ne sont pas sans conséquences sur la disponibilité des matières premières.
Des impacts sur les volumes : Les rendements variables d’une année sur l’autre ne permettent pas toujours aux agriculteurs d’assurer un volume d’approvisionnement fixe. Les pertes imprévues dues aux aléas climatiques (grêle, gel…) peuvent entrainer de grosses pertes pour l’agriculteur.
Des impacts sur la qualité des récoltes : Les cultures peuvent avoir subies des dommages dû à la grêle ou aux ravageurs. La croissance a plus être impactée, donnant des grains plus petits ou des fruits de plus petit calibre. Des lots hétérogènes (taille de grain variable, calibre différent…), rendant plus compliqué le tri. Une qualité réduite (taux de protéine, couleur etc..).
Les prix agricoles sont également très météo-dépendants : de grosses pertes dues à un événement climatique extrême (sécheresse, inondation…) peut impacter toute la filière et entrainer une augmentation des prix de la matière première. Le changement climatique risque d'impacter plus fortement la variabilité des prix.
Que faire en tant qu’entreprise de la filière bio ?
Les agriculteurs vont être en première ligne face aux changements climatiques, mais c'est toute la filière qui pourra être impactée. Pour assurer la pérennité des filières agricoles, les entreprises agroalimentaires et les distributeurs vont devoir s'engager pour soutenir les producteurs face à ces aléas et conditions.
Adapter son sourcing et ses contrats avec ses fournisseurs :
- Diversifier ses régions d’approvisionnement et ne pas « mettre tous ses œufs dans le même panier » au risque de connaître des difficultés de volumes et/ou de qualité
- Accompagner ses producteurs fournisseurs dans leur adaptation (financièrement, contrat tripartite, prix minimum...)
- Anticiper les problèmes d’approvisionnements en utilisant des « stock-tampons »
Faire évoluer ses produits et ses process de transformation :
- en fonction de la disponibilités réelles et variables des matières premières (adaptation des recettes, investissement dans de nouveaux outils polyvalents, créer des gammes éphémères…).
- Substituer certaines matières premières difficiles avec le changement climatique (variétés, alternatives, ...)Consultez notre article sur les ingrédients alternatifs ici
Cela soulève des questions sur l'acceptation des consommateurs à voir évoluer les produits auxquels ils sont habitués aujourd'hui, dans un pas de temps assez court.
L'atténuation est nécessaire et incontournable
Il est nécessaire aujourd'hui d'anticiper les évolutions dans un contexte de changement climatique, mais il est aussi incontournable d'agir pour atténuer son impact en visant la neutralité carbone. Chaque maillon peut agir à son échelle en mettant en place un plan d'action pour réduire son impact : performance énergétiques, énergies renouvelables (Enercoop par exemple), réduction de la consommation d’eau, réduction des emballages, choix de matières premières à faible impact carbone, ...
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Sources : TRACC - Ministères Aménagement du territoire Transition écologique / Météo-France / ISARA
Article réalisé par Emilie BAC et Bastien BOISSONNIER,
dans le cadre d'un projet bénéficiant du soutien financier du DINAII (Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire)
Article réalisé avec le soutien financier du DINAII
