Durant 6 mois, le Cluster Bio Auvergne-Rhône-Alpes et ses partenaires régionaux (Fédération Régionale d’Agriculture Biologique d’Auvergne-Rhône-Alpes, Chambre régionale d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes, La Coopération agricole Auvergne-Rhône-Alpes) ont mené une enquête filière pour établir un diagnostic du bilan de santé du bio régional. 

Tous les maillons de la filière ont été étudié du producteur au consommateur !

Ce travail a été réalisé en co-pilotage avec le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire en Auvergne-Rhône-Alpes.

La Distribution

Dans le contexte inflationniste, (+3,8% en novembre 2023, 7,1% en 2022), on observe globalement un report vers des prix bas (+4,1% en valeur) qui est défavorable au bio ainsi qu’un report vers les produits locaux.

En effet, on note une projection à 4,4% de pdm (part de marché) en GMS (Grandes et Moyennes Surfaces) en 2023 (vs 5,2% en 2020) avec -10.3% en vol en GMS et -1.3% en valeur pour l’année.

Une baisse qui continue sa courbe vers le bas avec une baisse de l’offre plus marquée sur les marques « conventionnelles » qui ont tenté l’aventure du marché bio.

Si la réduction de l’offre concentre la baisse sur la GMS, le E-commerce et les supermarchés, on retrouve des poches de croissances dans les commerces de proximité et le hard discount (+1,7% en 2023 vs +6% en 2022)

Circana établi par ailleurs que l’offre de 2019 semble la plus équilibrée pour retrouver une stabilité et repartir en conquête. Ayant atteint de nouveau le niveau de 2019 en chiffre d’affaires de produits biologique, il peut être espéré un redémarrage de croissance.

En magasins spécialisés bio, bien que 200 magasins bio aient encore fermés leur porte en 2023, la baisse se stabilise : - 2,8% en CA sur l’année 2023 mais un dernier trimestre à presque 0%.
(source Biolinéaires).
Certains magasins génèrent donc de nouveau de la croissance, possible grâce à la fermeture de magasins voisins et une consommation concentrée autour d’une clientèle fidèle.

En conclusion sur la distribution : la proximité, la spécialisation, le local restent des liens forts au développement du bio : la démocratisation du bio souhaitée par tous les professionnels en 2020 lors des croissances à 2 chiffres du COVID, n’a été qu’une illusion sur un marché qui commençait déjà à se poser des questions sur la fin d’année 2019.

Lors de notre étude, une zone commerciale a été définie afin d’étudier les interactions d’achats de produits entre magasins bio Satoriz, grande surface Auchan, magasins de producteurs (La Grange), primeurs (Les Halles de Crussol) et hard discounts Aldi. Nous avons pu remarquer une bonne complémentarité entre les magasins bio, les magasins de producteurs et la GMS.

A l’inverse le hard discount semble « capter entièrement » ses clients sur cette zone (peu d’effet « multicanal »)
Les magasins type « primeurs/Halles » semblent aussi déconnecter de ce trio avec leur positionnement fraicheur et local. Le Bio n’est pas dans leur stratégie d’offre.

Les consommateurs associent toujours ensemble la GMS et les magasins bio dans leur stratégie d’achat, même s’ils sont plus affirmés lorsque le client est interrogé dans un rayon bio de grande surface (vers la fréquentation des magasins bio) que du magasins bio vers la GMS (sorte de déni ?) Cela reste les 2 canaux de distribution majeurs du bio.

*Sources : Insee, Circana, Agence bio, Biolinéaire et étude du Cluster Bio

Les consommateurs

Les attentes des clients interrogés en juin 2023 sur la zone de chalandise étudiée :

  • En GMS : c’est la praticité qui ressort, l’offre est large, de qualité, et les habitudes sont ancrées dans les habitudes de consommations des français. Les produits de bases fonctionnent toujours bien (café, sucre, farine, céréales).
  • En magasin spécialisé : Les motivations pour la santé, du bien-être sont essentielles. On accepte le bio tel qu’il est avec ses imperfections. Malgré tout, les nouvelles marques de distributeurs permettent une meilleure accessibilité pour les clients.
  • En magasins de producteurs(La grange) : Le local, l’engagement environnemental et politique se font ressentir. La recherche de la qualité et la proximité avec l’agriculteur est la priorité
  • Aux Halles du Crussol (primeurs) : magasin historique.  La clientèle se déplace pour la diversité de l’offre, l’accueil. Ils cherchent le terroir comme le “saucisson de Haute Loire” par exemple !

Suite à cette étude, nous constatons qu’une majeure partie des consommateurs bio se déclarent encore « consommateurs réguliers ».

Cela nous conforte à dire que la communication est essentielle pour relancer la consommation. Entre l’arrêt des achats d’opportunités et une érosion de la clientèle fidèle, la baisse de consommation en rayon « semble » invisible pour les consommateurs. Démultiplié à l’échelon national l’impact se fait tout de suite ressentir. Il faut sensibiliser le consommateur sur l’impact de ses choix de consommation sur les filières bio, locales et françaises de surcroît.

#objectif : 1 produit bio par jour dans mon caddy !

Côté producteurs

En août 2022, 215 exploitations ont répondu, principalement des maraîchers et des arboriculteurs à l’enquête menée par la FRAB AuRA.

La majorité des répondants privilégient les circuits courts, avec une diversification croissante des débouchés, tandis que la vente en marchés et foires est prédominante pour certains. 

Les tendances régionales de vente en bio sont plus stables que ce que les médias annoncent.

Cela s’explique par une meilleure résilience et attractivité des filières courtes par rapport aux filières longues. Cependant, des baisses sont notées en magasins spécialisés. 

La vente directe connaît des évolutions hétérogènes, avec une baisse en marché et une légère reprise pour les AMAP. La vente en circuit long montre une tendance à la stagnation voire à la baisse :  les vaches laitières, allaitantes et grandes cultures sont particulièrement impactées.

Notons également que l’étude de l’Agence bio  sur le moral des agriculteurs bio réalisée au printemps 2023, nous démontre :

  • 95 % des répondants sont “fiers” d’être AB, et 58% se déclarent “très fiers”
  • 86% des répondants disent qu’être en bio contribue à leur bonheur
  • 62% gardent confiance en l’avenir pour le bio comme modèle agricole durable.

Du côté des coopératives

L’évolution du CA des coopératives est à l’image du bio. Mais la dynamique et un engagement fort pour les coopératives interrogées :

+ de 50% des coopératives ont un CA en baisse en 2022

85% de coop ont dû procéder à des déclassements des produits labellisés bio

81% visent à maintenir ou développer les produits biologiques

  • En veillant à ce que les déclassements et retraits “stratégiques” (vers d’autres labels valorisés) (26%)
  • En limitant les volumes (23%)
  • Développant la communication (22%)

Du côté des entreprises

Le modèle économique est chahuté mais l’engagement bio reste fort.

  • La situation des entreprises est plutôt correct en termes de CA (65% enregistre une hausse de CA) et pour 51% d’entre elles, la situation semble se stabiliser sur leurs marchés. Mais il faut bien avoir en tête que l’inflation augmente les CA.
  • Néanmoins, si le CA augmente les volumes baissent et la pression sur les marges et le besoin de trésorerie se fait fortement sentir : 97% des répondants ont vu des hausses de charges de +5% à +20% essentiellement : les salaires et l’énergie.
  • Cette situation complexe amène encore 40% des entreprises répondantes dans une situation qualifiée d’inquiétante pour la pérennité.
  • Notre panel est fortement engagé dans le bio avec une faible de volonté d’arrêter le bio ou partir sur une autre certification mois engageante (11% développent du HVE ou ZRP).
  • Cet engagement et ce positionnement n’entrave pas la dynamique bio sur les filières nationales ou le recours à de l’import moins cher. Les acquis et les besoins de provenance du local restent présents :
    • 93% du panel annoncent maintenir ou augmenter les appro nationaux.
    • 11% d’entre elles s’adossent à une marque locale (Ma région Ses Terroirs, Goûtez l’Ardèche...)
  • Le labellisation Bio fait réellement parti de l’ADN du panel.

Il est donc impératif de travailler la performance du produit à retravailler en fonction des attentes du marché et trouver des relais de croissances rémunérateurs.

Les prescriptions pour 2024 :

  • 1 - Réenchanter les consommateurs en travaillant son offre selon les principes du marché et les tendances qui font sens :
    • Réemploi et réduction des emballages
    • Végétalisation
    • Produits bruts et vrac
    • Snacking et Food service
    • Le local

  • 2 - Ce travail doit être fait dans un souci d’optimisation des marges et ses coûts pour permettre une bio plus accessible en favorisant les circuits courts et de la distribution locale. Car bio et local c’est l’idéal mais aussi cela permet de meilleures marges et un meilleur impact environnemental.

  • 3 - Communiquer pour sensibiliser les français à consommer bio par des petits gestes en soutien aux producteurs qui s’engagent avec conviction pour le Bio : #bioreflexe ; 7 produits bio par semaine dans mon caddy.

  • 4 - Être pédagogue en rappelant les fondamentaux de l’agriculture biologique au regard de ses bienfaits pour l’environnement, la santé et le bien-être animal.

  • 5 - Soutenir le Bio en RHF et faire peser les 20% de bio dans la loi Egalim à travers les PAT (Projets Alimentaires Territoriaux) et les Territoires Bio Engagés ! Rendez-vous dans collectivités et faites respecter la loi !

Retrouvez les résultats de l'étude complète sur votre espace membre, rubrique Etudes de marché ! 

Travail réalisé en co-pilotage avec 

None