S'approvisionner en amandes, noisettes et pistache bio françaises : mission impossible ?
L'essentiel
- Des consommateurs intéressés par du local
- De nombreuses innovations : entre santé, sport et gourmandise
- 67000T d'amandes et noisettes importées / an
- 1062 ha d'amande bio dont 333ha en conversion : en croissance
- Des défis technico-économiques : gel, maladie et ravageur, eau
- Partenariats nécessaires entre producteurs, transformateurs et distributeurs
Face à la demande des consommateurs pour des produits locaux, et dans une logique de relocalisation des filières, l’approvisionnement en amandes et noisettes bio d'origine française se heurte à plusieurs défis.
Des attentes fortes des consommateurs
Riches en nutriments et plébiscitées pour leurs bienfaits sur la santé, les amandes et noisettes bio séduisent les consommateurs soucieux de leur alimentation, mais aussi ceux qui recherchent un plaisir gustatif. Les amandes et les noisettes sont bien connues des consommateurs pour leur satiété, l’apport en protéines, l’index glycémique bas, et leur composition en acides gras insaturés. Au-delà du Nougat de Montélimar et de la galette des rois, on les retrouve dans une multitude de produits biologiques : pour les sportifs (mélanges graines, energly balls, protéine d’amande), pour le petit déjeuner (purée d’amande, céréales, pâte à tatiner), à l’apéritif, de plus en plus dans les alternatives végétales (lait d’amande, dessert végétal, …), ainsi que dans les produits cosmétiques (savons, huile).
Si l’offre est riche et les innovations nombreuses, l’origine de ces matières est rarement française puisque la majorité des amandes et des noisettes sont importées d’Espagne, d’Italie, de Turquie ou des USA. Les amandes et noisettes françaises font néanmoins leur apparition peu à peu, comme le amandes française de la marque « Pépite », quelques pâtes à tartiner ou les noisettes enrobées de Escoute. Le prix reste un frein majeur, avec aujourd’hui des écarts importants entre l’import et la production française.
Une production encore émergente en France
Produire des amandes bio en France reste complexe. L'amandier est exigeant en eau (comme l’abricot), sensible au gel printanier et à des maladies comme le fusicoccum difficiles à gérer en bio si la pression est trop forte. Le rendement s’en trouve donc limité, ce qui va expliquer notamment un coût de production moyen plus élevé que les amandes d’importation. La recherche variétale manque et représente un vrai levier pour répondre aux difficultés actuelles.
La noisette bio fait également face à des contraintes : sensibilité au gel, ravageurs (balanin punaise diabolique) et la pleine production n'est atteinte qu'après six ans.
La pistache offre un potentiel intéressant car le pistachier est résistant à la chaleur, peu gourmand en eau, et possède encore peu de ravageur en France. Du côté de la noix de pécan, la production n’est qu’à la phase d’expérimentation.
Pour surmonter ces défis techniques, des producteurs mettent en place des pratiques telles que la régénération des sols, l’enherbement et des techniques visant à attirer des carabes par exemple.
Ces cultures sont en hausse en France : l’amande bio représente 1062 ha dont 333ha en conversion (124 ha en Auvergne-Rhône-Alpes) ; la noisette bio 1570 ha dont 923 ha en conversion (54ha en Auvergne-Rhône-Alpes), la pistache 57 ha dans le sud-est. L’implantation de ces fruits à coques bio représente une prise de risque pour le producteur, il est donc important de réaliser des prévisionnels réalistes.
Les enjeux pour les transformateurs et distributeurs
Comme ces filières sont encore jeunes, il est essentiel d’établir des collaborations étroites entre les distributeurs, les transformateurs et les producteurs, notamment à travers des partenariats et des contrats. En raison des aléas liés à la production et des rendements variables d’une année sur l’autre, le prix d’achat doit couvrir cette variabilité. Bien qu'il soit difficile et risqué de basculer complètement vers un approvisionnement français, il peut être pertinent pour les transformateurs et distributeurs de développer des gammes spécifiques valorisant cette origine. De plus, les acteurs du secteur cosmétique pourraient également être intéressés.
Face à la concurrence des produits importés, la production française présente à la fois des opportunités et des défis. Les obstacles techniques, tels que les risques de gel, la gestion de l’eau et la lutte contre les ravageurs, compliquent l’approvisionnement régulier et compétitif en amandes et noisettes biologiques. La pistache semble être une culture prometteuse. La noix de pécan est encore au stade de recherche.